Comment “apprendre une langue” est devenu ringard en 2018

Baptiste Derongs • févr. 23, 2018
apprendre une langue

Il y a 50 ans apprendre une langue c’était un livre, des règles de grammaire et du vocabulaire.

Et pas n’importe quel vocabulaire, s’il vous plaît. Des noms d’arbres, des métiers et bien sûr, tous les animaux de l’arche de Noé (mon père a quand même retenu elephant , bien joué).

En cours, en formation, ou avec ce fameux baladeur Sony gris, les méthodes étaient plus ou moins les mêmes.

On apprenait par unités, avec beaucoup de par cœur et de répétitions, des mots ou des phrases décorrélés de tout contexte.

On tenait aussi à bonne distance l’utilité, au sens où on ne les apprenait pas dans le but qu’ils remplissent leur fonction (comme de réussir à clore un deal par exemple), mais bien pour « les connaître ».

Il faut dire que les langues étrangères, on ne s’en servait pas si souvent. Leurs entrés dans la sphère publique se limitaient essentiellement à la pop musique et à quelques voyages d’affaires.

Et puis au fil des années, le secteur de l’enseignement des langues a subi une grande mutation. Les enseignants ont mis en place de nouvelles façons de faire : plus d’utile, plus de situationnel, plus de vrai. Un grand shift à la fois entérinée et stimulé par l’apparition du CECRL, il y a quelques années.

Mais si on regarde de près, ces modifications ne sont pas simplement le fruit d’une transition d’une idéologie allant du « par cœur » à « l’utile en situation ».

Elles sont aussi directement liées à deux grands facteurs qui font qu’au-delà des formations, apprendre une langue, c’est aussi devenu tout simplement devoir l’utiliser au quotidien. Et donc l’absorber.

Erasmus et les échanges

En Europe, le programme Erasmus a permis d’aller bien plus loin dans l’apprentissage des langues que n’importe quel cours.

Parce que quand on se retrouve à devoir communiquer dans une langue étrangère, fatalement, on apprend. Il y a la pratique universitaire, les échanges « du quotidien » (courses, transports…), mais aussi les échanges sociaux. Bref, c’est dans l’eau qu’on apprend le mieux à nager…

Je rencontre parfois des étudiants ex Erasmus qui regrettent d’avoir trop fréquenté les petits Français autour d’eux. Mais même pour ceux-là, il faut compter le bénéfice immense de l’exposition à la langue, échanges ou pas échanges.

D’une manière plus générale, si l’on ne s’en tient pas aux Erasmus, il y a une influence directe dans l’apprentissage des langues qui est opérée par l’accroissement général des échanges internationaux : travail à l’étranger, stage, tourismes…

La culture

La diffusion de la culture anglo-saxonne, ça ne plait pas à tout le monde. Soit.

Mais ce sur quoi nous sommes tous obligés de nous accorder, c’est bien qu’elle a un impact de taille sur l’apprentissage de l’anglais.

Le succès des films et des séries en VO, format encore réservé à une élite il y a 20 ans, a tout simplement bouleversé la donne. Parce que 2h de séries par soir, c’est de l’immersion !

Je discutais ce week-end avec une enseignante d’anglais en niveau licence. Elle m’expliquait qu’elle était encore régulièrement surprise de la qualité de l’accent et du niveau de vocabulaire de ses étudiants, qui « choppaient ces fameuses tournures dont les natifs ont le secret ». Avant bien sûr de déplorer leur niveau à l’écrit ;)

Toujours est-il que cet anglais qui s’apprend par la culture, c’est un anglais utile en conditions réelles, un anglais de situation, davantage qu’un anglais journalistique ou de roman.

Et c’est tant mieux.

Dans ce contexte, les conditions d’évaluation évoluent aussi.

Il y a des organismes qui évaluent encore comme on apprenait une langue étrangère il y a 20 ans. Et puis il y a ceux qui ont su proposer des formats qui sont en phase avec ces changements.

Les centres de formation ou les écoles prestigieuses qui ont réussi à adopter les méthodes de leur temps, plus efficaces, sont naturellement les premiers à adopter de nouvelles certifications.

Il n’est plus rare aujourd’hui de les voir se détourner du TOEIC pour s’orienter vers des certifications qui valorisent leur réelle différence dans l’enseignement.

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