Quelles différences interculturelles dans les registres en entreprise ?

Camille Marvin • août 31, 2018
registres de langue

Si toutes les cultures se ressemblaient, la vie professionnelle serait plus facile (mais pas forcément aussi palpitante, accordé) ! Il suffirait de traduire ses messages à la façon d’un code, de transposer littéralement sa pensée dans une autre langue et la communication suivrait son cours, imperturbable, préservée de tout incident.

La nature humaine en a voulu autrement.

D’une langue à l’autre, les codes qui ne sont ni grammaticaux ni purement lexicaux et qui sont intraduisibles mais doivent faire l’objet d’une connaissance supplémentaire sont légions.

Le tutoiement/vouvoiement, le rapport à l’ironie, les références culturelles, les registres…

Ah bon, les registres ne sont pas les mêmes dans toutes les langues ? Non. On vous montre.

Bien plus de 3 registres

Traditionnellement, on distingue 3 registres :

  • familier
  • courant
  • soutenu

En pratique, dans le milieu professionnel, c’est le registre courant qui est le plus utilisé, avec peu de variations à l’échelle internationale, tout simplement parce qu’il permet à la fois de distinguer le milieu pro du milieu privé et de trouver l’efficacité requise pour les interactions pro, qu’un registre soutenu affaiblirait.

Là où les choses se compliquent, c’est que des variations existent au sein de ce même registre, avec des attentes différentes d’un pays à l’autre, les fameuses différences interculturelles.

Les différences interculturelles

Prenons l’exemple d’une communication écrite courante en milieu professionnel, le mail. En anglais, un email pro est dans un registre courant assez « friendly », A l’inverse en français, le discours va être beaucoup plus adapté au rôle de l’interlocuteur et aux relations hiérarchiques impliquées : client, patron, collègue, prospect, stagiaire…

On va ainsi pouvoir passer d’une situation au sein d’un registre courant ou l’on tutoie un stagiaire, humour à l’appui, à une situation opposée où les tournures seront plus polissées et où le vouvoiement sera de mise, en s’adressant à un manager par exemple.

La difficulté vient d’une fait qu’il n’existe aucune règle stricte, les habitudes dépendant de la culture de l’entreprise en question, du pays, de la situation : la meilleure arme est donc une connaissance pratique de ces variations, qui ne s’apprennent autrement qu’en situation (et rarement en cours de langue).

Quand peut-on faire une blague ?

À contexte professionnel identique, la réponse ne sera pas la même dans tous les pays. Qui a déjà travaillé au Japon sait bien par exemple qu’il n’est pas question de glisser une boutade lors d’une négociation, quand les Britanniques aiment en revanche avoir recours à l’humour pour détendre certaines situations, telles que les négociations.

On pourrait analyser le rapport de chaque pays à l’humour, à mettre en regard avec le type d’entreprise, les situations spécifiques, etc. Ce qu’il faut retenir, c’est que la gaffe est vite advenue quand on opère strictement selon ses habitudes de registre personnel dans un contexte professionnel international.

L’exemple des anglicismes

Pour mettre en valeur les sensibilités culturelles qu’il faut savoir maîtriser lorsqu’on travaille à l’international, prenons l’exemple d’un Anglais ayant appris le français et qui débute un nouveau travail en France. En français, les anglicismes font partie de la culture start-up, des milieux de la transformation digitale et de la communication, cela ne fait aucun doute. « Vous avez un brainstorming pour définir la roadmap ? N’oubliez pas de nous forwarder le débriefing ASAP dans un mail. »

Par contre, si vous intégrez une entreprise à l’ancienne ou un organisme d’état, mieux vaut savoir quand nuancer. Si le courriel ne sera pas obligatoire, vous vous ferez sûrement remarquer positivement si vous proposez de « phosphorer pour établir la feuille de route et que vous transférez le compte-rendu dans les meilleurs délais. »

Ici, le calque ou l’anglicisme va agacer, là il va valoriser. Et si c’est notre Anglais qui parle, on pourrait vite lui reprocher de ne pas faire d’effort devant un recours trop fréquent aux anglicismes.

Savoir distinguer l’un de l’autre est déjà une compétence subtile, savoir quand choisir l’un ou autre en est une autre, plus fine encore.

Les différences de registres et les nuances interculturelles qui les côtoient sont comme la partie immergée de l’iceberg, pour qui apprend une langue à destination du professionnel. Elles sont d’une importance capitale mais plus difficile d’accès. Si le CV d’un candidat peut déjà nous indiquer s’il aura été en contact avec les situations qui lui auront permis de s’y sensibiliser (stage ou emploi à l’étranger, carrière internationale, etc.), c’est aussi un élément à vérifier lors de l’évaluation de langue !

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